lundi 4 septembre 2017

L'Irlande, de Rossaveel à l’île de Rathlin


Stop ou encore ? Encore !


Après six jours passés à explorer Dublin avec Fabien, je retrouve Sirius au mouillage où tout s’est bien passé en mon absence. Il m’a fallu ramer une heure contre le vent pour regagner mon bord. La question se pose : faire demi tour ou poursuivre ? Je décide de poursuivre et de contourner l’Irlande par le nord…

Le mouillage de Rossaveel compte quelques Old Gaffers of Galway, ces vieux gréements traditionnels, qui m’offrent une belle démonstration de maîtrise sous voiles.

De Rossaveel à Aranmore

Départ le samedi 5 août à 9:00, arrivée le 6 à 22:00. 150 miles en 36 heures.

Si je veux faire le tour, il ne va pas falloir traîner. Je décide de voir jusqu’où je peux aller en 36 heures de navigation, ce que je n’ai encore jamais fait d’une traite. Cela suppose de renoncer à une escale à Inishbofin, une île pourtant prisée des plaisanciers. 

Les conditions clémentes et favorables au début deviennent de plus en plus musclées. Dans la nuit, au grand largue, mon génois a tendance à s’enrouler autour de l’étai. À 4:00 du mat’, je me retrouve sur le pont à essayer de démêler un coquetier bien souqué (la voile s’est nouée sur elle-même autour de l’étai). Il fait noir, il fait froid, il pleut, ça bouge… et pas moyen de libérer la voile. Pour m’en sortir, je suis obligé de couper les écoutes. Pas grave, elles feront encore leur job avec un mètre de moins…

L’aube se lève sur une mer bien agitée. On est très au nord, et ça se voit, et très exposé à la houle de l’Atlantique qui arrive sans obstacle depuis l’Amérique. Les vagues sont noires et crêtées d’écume blanche : une mer couleur Guinness. On ne navigue plus sur la surface des flots mais on slalome entre  des vagues en 3D. Dans l’après-midi, j’essuie plusieurs grains assez violents et, sur la fin, je suis obligé de prendre la barre car le régulateur d’allure décroche. Ce vent et ces vagues, c'est trop pour lui. Je suis bien content de voir enfin surgir à l’horizon les côtes d’Aranmore (Arranmore sur les cartes mais les locaux l'écrivent avec un seul “r”). Comme toujours, je me crois presque arrivé mais il faudra encore quelques heures pour parvenir jusqu’au mouillage. 

Journal de bord :Je suis arrivé pour le coucher de soleil et j'ai été accueilli au mouillage par un arc-en-ciel. La météo Irlandaise sait se faire pardonner ses accès de mauvaise humeur.”


Le mouillage d’Aranmore.
Le passage par le sud, plus court pour moi, est étroit et semé de roches. L’entrée dans la baie par le nord est plus praticable, surtout vu les conditions, mais l’arrivée m’a semblé interminable. Surtout, la mer ne s’est calmée qu’à la toute fin. Il était presque 22:00 (je suis resté à l’heure française) et le soleil n’était pas loin de se coucher quand je me suis enfin amarré  à une bouée devant le petit débarcadère où accostent les ferries qui relient l’île à Burtonport, la ville qui se trouve en face, sur la côte.



La plage devant le débarcadère.

Le lundi 7, je débarque pour visiter l’île. Plusieurs sentiers sont balisés. Je suis allé jusqu’au phare, celui que j’avais longuement vu se rapprocher quand j’approchais de l’île. Une très belle balade. D’un côté la lande désolée peuplée de moutons, de l’autre des petits chemins fleuris bordés de ruisseaux. Parfois une maison abandonnée, peut-être par une famille partie émigrer “en face”, de l’autre côté de l’Atlantique…

Le phare d’Aranmore au nord-est de l’île.

Les premières tourbières exploitées que je vois au cours de ma croisière.




Infos pratiques 

  • Les bouées pour les visiteurs sont dans la baie du port, près de l’obélisque, un amer peint en blanc. Il y a aussi la place pour ancrer. On débarque en annexe par un petit quai pas très visible, sur le côté (pas celui des ferries). Il y a un panneau sur le quai disant qu’il faut payer 5 euros par nuit, mais je me suis renseigné et je n’ai pas trouvé à qui payer et personne ne m’a rien réclamé. Il s’est d’ailleurs passé la même chose à Rossaveel.
  • Pas de moyen de faire le plein de gazole sur l’île mais il y a une pompe à Burtonport. Je n’y suis pas allé mais d’après les guides, c’est un des rares points de cette côte où on peut faire le plein de carburant et d’eau depuis un quai.
  • Il y a une miniboutique au village, sur la route qui longe la plage (ouverte le jour où je suis passé, qui était pourtant un “bank holiday”) où on peut faire un ravitaillement minimum.

     

    *********

    De Aranmore à Rathlin

    Départ le mardi 8 août à 7:00, arrivée le 9 à 3:00. 

    Pour cette étape, un peu moins longue que la précédente, mais qui me fait contourner la pointe nord de l’Irlande, j’ai bénéficié de conditions plus clémentes. Je laisse à bâbord l’île de Tory qui n’offre presque pas d’abri (mais l’équipage de Laureline que j’ai rencontré à Rathlin, a eu la chance d’y faire escale).  La fameuse chaussée des Géants est toute proche. On peu y accéder en bateau en allant à la marina de Coleraine. De là, on peut prendre un bus. C’est ce qu’a fait l’équipage de Laureline.

    L’île de Tory : pas un arbre, mais il paraît qu’un roi y règne…

    Quand je franchis le cap de Malin Head, la pointe la plus au nord de l’Irlande,  c’est le point de bascule de mon voyage.

    Journal de bord“À partir de maintenant, je me rapproche de la maison. Les conditions sont idéales aujourd’hui. Pas trop de vent, mer calme et même du soleil. Comme il n’y a personne par ici, je peux m’accorder des petites siestes avec mon bonnet de nuit.”

    Rathlin est la seule île habitée de l’Ulster. On n’est plus en République d’Irlande, il faut penser à changer le pavillon de courtoisie ! Ici, on ne paye plus en euros mais en livres. J’y suis arrivé de nuit. J’ai cherché des bouées devant le port mais je ne les ai pas vues (normal : il n’y en a pas). Je suis entré dans le port et j’ai découvert qu’il y avait une petite marina (elle ne figurait pas sur ma carte électronique). J’ai tourné un peu dans l’avant-port le temps de préparer mes amarres et mes pare-battages… et j’ai touché le fond avec ma quille en m’approchant trop près de la jetée. Heureusement en douceur et j’ai pu me dégager et m’amarrer tranquillement en bout de ponton. 

    Lever de lune avant d’arriver à Rathlin.

     Infos pratiques

      À marée basse, certains découvrent qu’il n’y a pas assez de fond.
    • La marina de Rathlin est petite et très accueillante mais pas très profonde. Attention aux grands tirants d’eau, surtout en marée de vives eaux ! Mais les fonds sont plutôt vaseux, sauf quelques roches le long de la jetée. 
    • Si on ne voit pas le gars qui vient encaisser le prix de la nuit à la marina (il passe dans l’après-midi), on peut payer au petit musée de l’ancienne Boat House. 
    • Les toilettes publiques sont nickel et elles abritent aussi une douche à laquelle ont peut accéder avec un code. Il y a une petite boutique avec pas grand-chose mais l’essentiel. Elle ferme à 17:00. Il n’y a pas de distributeur de billets sur l’île, mais on peut retirer des espèces au McCuaig’s Bar.
    • Sirius au Ponton à Rathlin.

      Le jeudi 10 août, une charmante dame vient me souhaiter la bienvenue et me donner la doc de la marina et les codes des douches. Sa marotte est de faire signer un livre d’or. Elle me donne les bonnes infos : un bus part chaque matin après l’arrivée du ferry pour emmener les touristes au phare et à la réserve ornithologique, célèbre pour ses macareux. Une excursion très intéressante, même si, malheureusement, les macareux se sont envolés une semaine plus tôt.





      Le phare de Rathlin, avec sa lanterne en bas pour que le rayon lumineux passe sous le brouillard, fréquent dans les parages. Sa corne de brume surpuissante était célèbre. Elle s’est tue il y a quelques années.

      Un peu fatigué peut-être ?












     


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